Chers amis,

Comme vous peut-être, j’ai regardé l’intervention du président de la République hier soir.

Au risque de vous surprendre, j’ai trouvé Emmanuel Macron courageux.

Il n’a pas la partie facile. 

Et si les nouvelles restrictions qu’il a annoncées sont absurdes…

…il n’a peut-être pas d’autre solution que de les prendre.

Mais… pour quelle « vraie » raison les prend-il ?

Liberticide mais pas trop

Nous voici revenus aux attestations pour pouvoir marcher dans la rue le soir, avec amendes de 135 euros en cas d’insoumission.

Nous voici invités à porter un masque même en famille, dès qu’il y « aurait » un risque. Nous sommes appelés à ne pas nous retrouver à plus de 6 à table (!).

Dans le même temps, nous sommes quand même invités à partir en vacances à la Toussaint et les transports en France ne sont pas restreints.

Voilà le paquet « liberticide mais pas trop » des mesures annoncées hier soir.

Avec toutes ses contradictions.

Le plus important n’est peut-être pas là.

Le vrai état d’urgence sanitaire : les lits d’hôpitaux.

A l’heure où la contagion du Covid-19 reprend mais où sa létalité faiblit de plus en plus – ce qui est le destin de toute pandémie qui se « normalise » – le gouvernement est pris de court.

Car il n’a pas tenu sa promesse d’augmenter le nombre de lits en réanimation dans les hôpitaux français[1].

En Île-de-France plus de 40% des lits sont déjà occupés (le seuil critique est défini à 30%), et on approche dangereusement des 50%[2].

Cette situation aurait été évitée si le gouvernement avait, comme promis en juillet dernier, financé dans les temps 4000 lits supplémentaires, ce qui aurait quasiment doublé le nombre actuel.

Il est très certainement là le vrai « déclencheur » des décisions du gouvernement.

La France ne veut pas perdre la face

Emmanuel Macron croit-il lui-même en l’efficacité des mesures qu’il a annoncées ?

Quand il essayait d’en justifier certaines, on l’a senti mal à l’aise.

Le fait qu’il soit capable de tenir un discours de bon sens, notamment au sujet du télétravail, « plus facile seul dans une confortable résidence secondaire que dans un appartement étroit avec plusieurs enfants », me laisse penser qu’il a quand même conscience des conséquences douloureuses des mesures prises depuis mars.

Mais a-t-il conscience de leur inefficacité ?

Sait-il, au fond, que le couvre-feu ralentira très peu la circulation du virus ?

Je pense que oui.

Mais ce qu’il a surtout à l’esprit, c’est qu’avec des personnels soignants déjà épuisés (et qui, pour beaucoup, n’ont pas reçu les récompenses également promises par l’État pour leur dévouement durant la première vague) notre pays court le risque très sérieux d’offrir au monde l’image d’un pays sous-développé où les malades s’entassent dans des hôpitaux débordés

Ce genre d’image terrible n’est pas improbable ; personne à la tête de l’État ne le veut.

Avec assez de lits, nous pourrions sans problème faire face à l’épidémie. Et nous ne nous retrouverions pas à être mis sous cloche, pour la deuxième fois en 8 mois.

Le problème, c’est que c’est nous, citoyens, qui payons le nouveau manque de prévoyance de l’État.

Et le fait qu’il ne tienne pas ses engagements.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] HECKETSWEILER C, “ Covid : la promesse intenable des 12 000 lits disponibles en réanimation » Le Monde,6 Octobre 2020, https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/06/covid-19-le-grand-flou-du-nombre-de-lits-disponibles-en-reanimation_6054878_3244.html

[2] La Dépêche, Octobre 2020, https://www.ladepeche.fr/2020/10/08/coronavirus-combien-y-a-t-il-de-lits-de-reanimation-dans-les-hopitaux-francais-9125989.php